mercredi 17 avril 2013

Le mec de la tombe d'à côté (Katarina MAZETTI)

Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que le tape-à-l'œil de la stèle qu'il fleurit assidument.
Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d'auto-dérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie.
Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis ... C'est le début d'une passion dévorante.
C'est avec un romantisme ébouriffant e un humour décapant que ce roman d'amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.

On devine dès le départ que les deux personnages tomberont amoureux.
Deux personnes pourtant complètement différentes qui entament une relation bien compliquée. Tout les oppose, il faudra faire des concessions. 

Le livre commence avec une bonne dose d'humour, ce qui m'a beaucoup plu. Puis l'histoire devient plus sérieuse et j'ai "regretté" que l'humour soit moins présent.
J'ai apprécié les chapitres courts, alternativement racontés par l'un ou l'autre. Certaines scènes nous sont racontées successivement par chacun d'eux avec leur différents points de vue. J'ai bien aimé cette façon de construire le livre.
Une lecture bien sympathique. Une histoire d'amour qui, on l'espère, finira bien. Une fin qui donne envie de connaitre la suite au plus vite. 

lundi 15 avril 2013

Fais de beaux rêves (Pierre LAGIER)


Au réveil, la première pensée de Pierre est pour son grand-père. Pensée insistante qui ne va pas le quitter de la matinée. A midi, relevant son courrier, il découvre une lettre... de son grand-père. Étrange ! D'autant que le vieil homme est décédé depuis déjà longtemps. Cette lettre, première d'une série, met en garde son petit-fils sur le sens qu'il est en train de donner à sa vie, et l'incite à profiter du présent. A ce mystère va bientôt s'en ajouter un autre quand Pierre découvre qu'une jeune femme, rencontrée par hasard dans la file d'attente d'un grand magasin, le suit. Intrigué, il décide de mener une enquête qui va changer son destin.

Lecture dans le cadre de la session 15 du challenge de Calyso : "Un mot, des titres". Le mot choisi était "rêve".

Un roman court, en toute légèreté, à la fois amusant et bourré de sentiments.
J'ai passé un bon moment à découvrir les courriers de ce grand-père. Je me suis amusée à lire sa liste des "pourquoi".  J'ai aimé essayé de comprendre en même temps que Pierre ... et quand j'ai découvert comment c'était possible, j'ai souhaité que cela existe vraiment.

Petit coup de cœur pour ce livre.




dimanche 7 avril 2013

Patients (Grand Corps Malade)

«J'ai envie de vomir.
J'ai toujours été en galère dans les moyens de transport, quels qu'ils soient. J'ai mal au coeur en bateau, bien sûr, mais aussi en avion, en voiture... Alors là, allongé sur le dos à contresens de la marche, c'est un vrai calvaire.
Nous sommes le 11 août et il doit bien faire 35 degrés dans l'ambulance. Je suis en sueur, mais pas autant que l'ambulancier qui s'affaire au-dessus de moi ; je le vois manipuler des tuyaux, des petites poches et plein d'autres trucs bizarres. Il a de l'eau qui lui glisse sur le visage et qui forme au niveau du menton un petit goutte-à-goutte bien dégueulasse.
Je sors tout juste de l'hôpital où j'étais en réanimation ces dernières semaines. On me conduit aujourd'hui dans un grand centre de rééducation qui regroupe toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés...
Bref, je sens qu'on va bien s'amuser.»

À tout juste vingt ans, alors qu'il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond d'une piscine et se déplace les vertèbres. Les médecins diagnostiquent une probable paralysie à vie. Il relate ici, dans le style poétique, drôle et incisif qu'on lui connaît, les péripéties truculentes, parfois cocasses, vécues avec ses colocataires d'infortune dans un centre de rééducation pour handicapés. Jonglant entre émotion et dérision, ce récit est aussi celui d'une renaissance.

Aussi bon écrivain dans son livre-témoignage que pour ses textes de slam, Grand Corps Malade nous raconte ici son parcours au centre de rééducation avec humour et émotion.
Il nous fait découvrir le quotidien, vraiment pas facile, des centres de rééducation.
Il nous présente le personnel, les autres patients ainsi que ses amis avec qui il fera passer le temps.
Si Grand Corps Malade semble avoir traversé tout cela avec force et courage, qu'il a eu la chance de pouvoir remarcher, il n'en est malheureusement pas de même pour tous les handicapés de ces centres.

Un coup de cœur pour ce livre que j'ai dévoré !

Après la rafle (Joseph WEISMANN)

Juillet 1942. Au camp de transit de Beaune-la-Rolande où il a été transféré avec toute sa famille après une sinistre étape au Vél'd'Hiv, Joseph Weismann a déjà perdu l'insouciance de ses onze ans. Quand arrive le jour de la déportation, les forces de l'ordre s'emparent brutalement des adultes, laissant des centaines d'enfants déchirés de douleur. Les soeurs de Joseph ont également été emmenées. a bout de larmes, le jeune garçon décide de s'enfuir avec un copain. Ils mettront cinq heures à traverser les barbelés qui cernent le camp ...
Jusqu'à la Libération, ce gamin chétif va se cacher. Dénonciation ignoble, protection inattendue de deux gendarmes, maltraitance de certaines familles d' "accueil"... et enfin un couple merveilleux qui va en faire un homme. Désormais, il a pour devise : "Le bonheur droit devant". Il veut tout gommer, la souffrance a presque engendré le déni. Et ses cauchemars, la nuit, il n'en parle à personne.
Ce n'est qu'en se rendant à Auschwitz, où les siens ont disparu avec tant d'autres, qu'il accepte de regarder l'horreur en face. Et c'est Simone Veil, un jour, qui l'incite à témoigner. Pour que les jeunes générations sachent. Pour qu'elles veillent à ce que l'Histoire ne se renouvelle pas.

Le parcours d'un enfant juif pendant la Seconde Guerre mondiale qui malgré l'horreur de ce qu'il a vécu et enduré, réussira à se reconstruire, pour lui et pour les siens.
Un enfant courageux, à la fois plein d'espoir mais aussi très lucide.
On suivra un peu Joseph avant la rafle, pendant les journées passés au Vél'd'Hiv puis les convois vers les camps et la vie au camp de Beaune-la-Romande d'où il s'échappera avec Jo. Pas trop de détails mais suffisamment pour se rendre compte de l'Horreur.
Puis Joseph nous emmène dans les familles d'accueil, les orphelinats, dans sa "nouvelle" famille. On assiste à sa reconstruction.
Un enfant, un homme blessé à jamais qui a tout de même réussi à s'en sortir, ce qui n'est pas le cas de tous ceux qui ont survécus à cette Horreur.

Si ce livre n'a pas été un coup de cœur pour moi, j'ai tout de même apprécié ce témoignage encourageant et vous le recommande.